La transition

Publié le 9 juin 2025Coaching

Petite réflexion du matin, survenue au petit déjeuner, un jour férié où le temps s’étire un peu plus et laisse de la place aux idées :

L’illusion de la destination

La tentation peut être grande, quand comme moi, on est dans l’accompagnement et l’enseignement, de faire miroiter à l’accompagné.e l’illusion d’une autre rive où les choses seront enfin stables et permanentes.

Je m’explique : on vient souvent me voir dans un moment de transition (vers plus de sens, vers moins de stress, vers plus de santé, etc..) pour que j’aide la personne à naviguer des eaux plus ou moins troubles et à identifier des directions épanouissantes, saines et nourrissantes. Mais je mentirais en laissant croire à l’autre que ces directions seront aussi des ports d’attache (pour filer la métaphore).

Je peux être tentée de vouloir rassurer : oui là c’est inconfortable, mais en t’inquiète pas, après ça sera vraiment plus stable. Sauf que la nature de notre existence est l’impermanence et que William James le disait “la vie est dans les transitions”; je pourrais reformuler et dire “la vie est faite de transitions”.

Oh que oui, on aimerait se dire que la période de changement et de remise en question passée, après ça sera tout bien rangé et il n’y aura plus qu’à se laisser vivre dans une permanence confortable.

La réalité des directions multiples

Mais non, je pense vraiment que mon boulot est d’apprendre à l’autre à accueillir les incertitudes inhérentes à l’existence, à voir des directions plutôt que des destinations, des horizons plutôt que des lignes d’arrivée. Car nous ne sommes jamais arrivé.e nulle part, les sportifs le savent, la ligne d’arrivée passée, il n’y a rien de gagné de l’autre côté. Le sol continuera de se dérober sous nos pieds, l’imprévisible viendra ébranler nos certitudes.

Accueillir l’impermanence et non s’y résigner

Et ça peut se vivre comme une ouverture joyeuse, comme une danse avec les expériences, comme un mouvement de devenir qui est en fait celui de la vie. On peut vivre au coeur de la vie, dans un paysage toujours en train de se redessiner et s’y laisser porter avec confiance. Ou on peut s’épuiser à construire des barrages, des ponts et des réservoirs que le courant de toute façon emportera.

Choisissons l’inconfort de l’imprévisible, l’ouverture à l’imprévu, la spontanéité créatrice. Là, notre vie palpite et son flux s’étend comme un delta.