Bien vieillir

Publié le 25 décembre 2022Coaching

La norme sportive est la jeunesse. Un.e sporti.f.ve pro de 30 ans pense à sa retraite. Qu’est-ce que ça dit pour nous, tous les autres, qui aimons le sport et ont 10, 20 voire 30 ans de plus ?

Catégorie : l’athlète vieillissant.e

Depuis quelques semaines ou mois j’ai senti un basculement. J’ai glissé sans avertissement vers la catégorie très floue des « athlètes vieillissantes » sans trop savoir ce que cela veut dire. Je me suis donnée toute seule cette étiquette, peut être parce que j’ai fait le constat d’un changement notable dans mon aptitude à récupérer de l’effort physique et dans les sensations du corps au réveil. Peut être ais-je aussi pour la première fois ressenti consciemment la pression sociale et plus précisément sportive, à « rester jeune ». Là encore je m’interroge. Pourquoi ? La jeunesse certes est plus éloignée en théorie de notre fin inéluctable mais est-elle plus heureuse ? La cinquantaine peut-elle revendiquer son propre bonheur, sur le plan sportif au moins ?

Rester jeune : que faire de cette injonction ?

J’ai le sentiment que l’injonction à apprécier sa jeunesse et se résigner à sa vieillesse est très forte. Il faut être jeune « dans sa tête » et le plus longtemps possible dans son corps. Ne se crée-t-on pas une frustration inévitable à refuser le passage du temps et/ou à l’associer à une façon d’être ? Et pourquoi devrait-on penser au « bien vieillir » à partir d’un certain âge et non pas à partir de notre naissance puisque la vie n’est qu’un processus de vieillissement.

Vous l’avez compris, le « bien vieillir » m’agace. Encore un truc de plus à gérer et à réussir. Alors qu’avec l’expérience de vie vient justement l’aisance, ce sentiment que l’appréciation du moment est bien plus important que la gestion d’un quelconque capital de vie. En vieillisant j’ai d’ailleurs arrêté de gérer. De gérer ma vie et mon bien-être comme une petite entreprise qu’il faudrait rendre productive, profitable et efficace.

Bien vivre plutôt que bien vieillir

Donc plutôt que de bien vieillir, je vous propose de vivre bien ou de vivre tout simplement. D’être dans le mouvement du temps, de cessez de lutter pour le figer. Quel soulagement d’apprécier le sport pour le sport et d’arrêter d’esssayer d’impressionner notre montre. De se lever le corps un peu rouillé et de se dire: quel mouvement, quel exercice, quelle allure de course pourrais-je choisir pour m’accueillir telle que je suis ?

La cinquantaine — ou avant si on est un peu plus sage — est le moment d’arrêter de se mesurer à ses followers sur Strava et au contraire de leur dire « rejoignez-moi » dans une vision de la performance adaptée à la vie qui passe. Quelle chance d’avoir ce corps, de lui trouver des possibilités nouvelles — certes différentes de celles de sa jeunesse mais pas moins bonnes ou réduites. Des possibilités, un point c’est tout. Tant qu’il y du mouvement possible, il y a de la vie.