Là-haut

Publié le 30 août 2023Nature

La montagne contient différents univers : le végétal tranquille avec ses alpages, le liquide vif avec ses torrents, et le minéral majestueux avec ses hauts sommets. C’est l’univers minéral de l’étage alpin et de l’étage nivéal qui me fascine.

La lumière sur la pierre

On pourrait trouver ces paysages minéraux uniformes et monotones mais si on prend le temps de les contempler, on y voit toute une gamme de reflets et de chatoiements. L’oeil voit du jaune ou du vert danser sur les parois, des teintes de bleu briller par endroit et rappeler la couleur du ciel. Et la beauté de ces gris ; toute une panoplie, certains opaques et austères, d’autres vifs et scintillants. C’est tout un spectacle vivant qui se déroule sous le regard de celui ou celle qui a longtemps marché pour arriver dans cet espace de la haute montagne.

Les sons des cailloux

Le silence de la haute montagne est saissisant. Et par contraste, les quelques sons viennent trancher toute rêverie. Le cri des rares oiseaux, une pierre qui roule et qu’on entend longtemps tomber nous rappelant que nous sommes haut, près du ciel et que le sol de nos petites vies et de leurs soucis est bien loin. Le souffle, le nôtre, souvent court et nous rappelant ainsi à notre humanité qui a eu un droit d’entrée privilégié dans un lieu où elle n’est pas faite pour vivre. Le souffle, celui du ciel, du vent froid qui fait frissoner et invite à s’enfoncer le cou dans l’écharpe ou la doudoune.

L’immensité à portée de main

Pour celui ou celle qui arrive au col ou au sommet, l’espace s’ouvre et on voit à perte de vue l’univers minéral se déployer. C’est immense et quand on regarde au loin, il devient tout petit, on pourrait presque le toucher. Les nuages viennent parfois ajouter une touche supplémentaire d’irréalité, une touche de flou à la géologie mouvante. Car cet univers n’apparait jamais comme solide à mes sens aiguisés mais comme dansant et jouant dans l’immensité. C’est un espace en devenir, je vois les crêtes s’étirer vers le ciel, les parois s’incliner vers les lacs, les sommets rire de leur inaccessibilité.

Photos

Quelques photos prises à l’été 2023 en Haute Clarée, principalement dans le massif des Cerces, entre 2800 et 3100m d’altitude :