Pourquoi se reconnecter à la nature ?

Publié le 26 décembre 2023Nature

La nature et moi

J’ai grandi en pleine campagne jusqu’à l’âge de 10 ans. Dans une maison qui n’avait pas de voisins proches, posée sur une colline verdoyante et boisée. C’était tout mon univers, il contenait des mystères toujours renouvelés et chaque jour était une exploration.

Des années, bien des années plus tard, me voici de nouveau à la campagne; ceci après des décennies passées dans des villes dont des capitales. Et je revis. Je reviens à l’essentiel du vivant, je goûte à l’air comme à une fontaine une après -midi d’été, j’observe les mondes que les nuages dessinent dans le ciel, j’écoute les sons, tous les sons, du tracteur aux oiseaux, je vois l’infinie subtilité des nuances de couleur. L’instant s’ouvre alors et je peux m’y déposer avec le même soulagement que quand on pousse la porte de chez soi après un très long voyage. Je suis de retour. Je suis. Enfin.

L’expérience de la nature comme vecteur de bonheur

La connexion à la nature est puissante, elle est nécessaire je dirais même. Car c’est là que se dissout le sentiment de séparation qui nous fait tou.te.s, nous humain.e.s, souffrir. Chez les bouddhistes, la souffrance humaine — entendez par là notre insatisfaction chronique avec nos vies telles qu’elles sont — est causée par l’idée erronée que nous sommes séparés de tout, des autres aussi bien que du monde. Alors que nous sommes en réalité une partie intégrante du maillage qui constitue l’univers, il n’y a pas de “moi” et “le reste” mais une interdépendance fondamentale. Nous avons du mal à être vraiment heureu.se.x car nous avons peine à voir que nous sommes fait du même espace, que nous sommes dans une danse continue avec l’univers, que nous sommes porté.e.s par le tissu du vivant. Se connecter avec la nature, c’est entrer dans la danse et revenir à qui on est vraiment, un champ de conscience chargé de potentiel et d’amour de la vie.

On l’a tou.te.s vécu, après une marche un peu ardue dans un sentier de montagne, on arrive à un col et là, wouaaaa, l’espace s’ouvre à l’infini, notre coeur aussi. Le moment est simple, mais tout y est. La complétude qu’on va d’habitude chercher dans nos accumulations matérielles ou intellectuelles, est immédiate. Il n’y a rien à dire, rien à faire. La vie explose de sa propre puissance et nous sommes là pour en faire l’expérience.

L’expérience de connexion à la nature est souvent plus anodine : le chant d’un oiseau qui vient interrompre notre bavardage mental, une fleur qui pousse entre deux pavés et nous rappelle à la magie ordinaire, le vent dans les feuilles d’un arbre qui vient aérer nos préoccupations du moment. Si nous en sommes pleinement conscient.e, alors ces expériences peu spectaculaires ont le même effet: elles nous emplissent et nous touchent le coeur. Ces instants sont furtifs mais peuvent se cultiver délibéremment et nous ouvrir alors à une autre façon d’être, plus saine et plus harmonieuse.

L’écothérapie — se retrouver par la nature

C’est ça que propose l’écothérapie — ecotherapy ou nature therapy en anglais — à laquelle je suis en train de me former. C’est un champ d’investigation très vaste qui intègre de multiples dimensions : le mouvement du corps, la méditation, les exercices contemplatifs, les arts créatifs, et bien d’autres choses encore. Son rôle est simple : rétablir un rapport à la nature pour plus de bien être. L’écothérapie a fait ses preuves chez nos voisins anglo-saxons où elle est très développée. L’université de Derby y consacre tout un département d’études, j’ai choisi moi de l’étudier avec Caroline Brazier qui appuie sa méthode sur la psychologie bouddhiste (1), et Stephen McCabe qui est à l’initiative de multiples porgrammes d’écothérapie en Ecosse.

En quoi consiste l’écothérapie ?

L’écothérapie est une pratique, au même titre que la méditation ou le yoga. Il s’agit de s’entrainer, quotidiennement ou dans le cadre d’une retraite, à re-rentrer en contact avec le monde naturel entendu au sens large : arbres, air, terre, végétal, minéral, animal, etc… ce qui est en fait toujours là quelque part, même dans un contexte urbain. Les exercices peuvent être très simples — pratiques d’ancrage similaires à la méditation de la pleine conscience par exemple — ou plus élaborés — immersions dans un milieu naturel pendant plusieurs jours en solitaire. Ceux que je me propose d’introduire lors de mes retraites sont à la fois simples et puissants et visent à renouer avec notre corps quand il est en interaction avec la nature, ré-apprendre à voir l’espace autour, retrouver notre créativité enfantine et oser nous déposer au coeur du vivant avec un grand ouf de soulagement. J’utilise 5 grands axes :

  • Les sens - s’accorder avec la nature grâce à nos perceptions sensorielles.
  • Les émotions - se sentir vivant.e grâce aux émotions et sensations que la nature procure.
  • La beauté - faire l’expérience du beau dans le milieu naturel.
  • Le sens - la nature donne du sens à nos vies.
  • La compassion- prendre soin de la nature et agir pour elle.

Pourquoi « thérapie » ?

Le mot thérapie peut en intimider certain.e.s, en séduire d’autres. Il ne s’agit pas de thérapie au sens clinique ou psychologique du terme, il faut entendre éco-thérapie comme processus de découverte d’une autre dimension de notre être, plus sereine, plus vraie, plus juste parce qu’en accord avec les valeurs intrinsèques de notre planète. Les études (2) sont claires là dessus; le contact avec la nature est facteur de bien être, aide à promouvoir une santé mentale durable, à lutter contre la dépression ou l’anxiété, et rompt l’isolement. Car nous ne sommes jamais seul.e quand on sait se replacer au coeur du présent, dans la toile du vivant. Le moine bouddhiste vietnamien établi en France, Thich Nhat Hanh, parlait de inter-être pour décrire ce réseau d’interdépendance qui nous unit et nous traverse, et se manifeste pleinement dans le monde naturel quand on sait s’y reconnecter :

Être en contact avec la réalité du monde signifie être en contact avec tout ce qui nous entoure, y compris le règne animal, végétal et minéral. Pour être vraiment en contact, nous devons sortir de notre coquille et regarder clairement et profondément les merveilles de la vie

Retraite de reconnexion à la nature

Explore training organise une retraite reconnexion à la nature qui intègrera, entre autres propositions, des pratiques d’écothérapie. Elle aura lieu du 12 au 16 juin 2024 dans la magnifique vallée de Freissinières, dans le Parc National des Ecrins à 3h d’Aix-en-Provence. Je me réjouis de partager ces pratiques qui m’amènent paix et joie au quotidien. Je propose aussi de l‘accompagnement individuel en écothérapie et mindfulness, il suffit de me contacter pour bénéficier d’un premier entretien gratuit.

Notes

(1) La recherche de l’harmonie entre l’humain, la nature et l’ensemble du vivant est au coeur de la sagesse bouddhiste. Avec son enseignement centré sur l’interconnexion entre tous les êtres, l’harmonie avec la nature, et la véritable paix, le bouddhisme propose une vision fondamentalement écologique.

(2) Source : Nature Connectedness Research Group : In a systematic review of 50 research studies involving 16,396 people, we investigated the links between their connection with nature and two types of happiness – feeling good and functioning well. We found that people who are more connected to nature tend to have greater eudaimonic well-being — meaning they are functioning well — and in particular have higher levels of self-reported personal growth.