Le souffle

Publié le 3 juillet 2012Méditation

J’ai pas mal pensé à ce mot ces derniers temps. Un mot que j’utilise étonnamment peu pour quelqu’un qui enseigne la méditation et le yoga, je lui préfère son synonyme médical, plus froid et désincarné : la respiration.

Je me souviens avoir suggéré il n’y a pas si longtemps à une nouvelle prof de yoga de préférer le terme expirer à souffler, celui-ci m’évoquant la lassitude du soupir.

Je connais mon souffle, y revient constamment moment après moment sur mon coussin de méditation quotidiennement depuis plusieurs années, quand je pratique le yoga mes mouvements sont portés par mon souffle, quand je cours ma foulée est soutenue par mon souffle.

Mon souffle me ramène au présent, quand mon esprit et mon corps suivent le souffle je suis dans une relation à la réalité non encore colorée par le filtre de mes pensées et de mes émotions, il y a dans cette expérience du souffle quelque chose de brut, du potentiel pur. J’y puise une confiance non affectée et y voit aussi un constant rappel de la fragilité de mon existence et de l’urgence à en prendre toute la mesure.

Ce matin je courrais le long de l’océan, le souffle du vent et de l’eau se mêlant au mien. Mon souffle se faisant plus présent tandis que ma foulée s’enfonçait dans le sable des dunes, celui du vent et de la mer noyant tout lorsque je m’approchais de la falaise.

Le souffle du monde restera après le mien. C’est réconfortant et terrifiant. C’est peut être pour cela que j’aime tant courir et nager — je me sens respirer à l’unisson avec la terre et le ciel — et c’est sûrement aussi pour cela que le mot souffle me fait peur : il contient en substance à la fois ma vie et ma mort.