C’est là où je médite et j’écris les matins d’été. La maison est fermée pour se protéger du soleil et il reste cette fenêtre ouverte sur une zone d’ombre au nord. J’ai vue sur les montagnes au loin, le plateau d’Albion plus proche, le village perché de Viens un peu plus à l’est. J’ai pour compagnie les cigales, quelques croassements de corbeau qui jouent à l’orée du bois en bordure de plateau. Le vent amène quelques odeurs de lavande un peu perdues dans l’herbe séchée par le soleil de juillet. À ma gauche est un rosier, plantée par ma mère il y a deux étés, il refuse de se laisser guider par les tuteurs l’invitant à longer le mur et vient caresser le sol non loin de mes pieds.
Je contemple, je ne fais rien. Je regarde le brin de blé sauvage jouer dans le vent. Derrière moi le mur me protège des devoirs, des trucs à faire, de l’ordinateur placé sur la table de l’autre côté de la fenêtre. De toute façon, internet est en panne. Un camion a arraché le câble en essayant de passer sur la toute petite route qui arrive au hameau.
Protégée de moi même sur l’îlot qu’est mon coussin de méditation. En retraite des habitudes d’agir, de travailler, d’efficacité. Ici je revendique sans agressivité, sans même y penser, le droit humain à être.
D’ici je regarde la nature changer au fil de l’été, les fleurs blondir et disparaître, les trèfles persister à mes pieds malgré la chaleur et le vent. Je m’y laisse aller, moi aussi dans le mouvement du monde. Enfin portée.