K2 Global Project

Aim higher, go faster

Le K2 avec ses 8.611 mètres est le deuxième sommet le plus haut après l'Everest et est largement considéré comme un des plus difficiles à grimper.

Le K2 Global Project vise à établir un record de vitesse pour l'ascension et la descente du K2. Aucune tentative féminine n'a été réalisée. Un record masculin de 11 heures a été établi en août dernier pour l'ascension. Notre objectif est de battre ce record sur ce sommet de 8 611 mètres.

L'histoire de Phunjo Lama

Une enfance himalayenne

Phunjo Lama a la trentaine et est népalaise. Elle vient d’un village isolé, perché à 3500m dans l’Himalaya. Élevée par son grand-père, Phunjo a passé ses premières années à transporter du sel vers le Tibet à l’aide d’un troupeau de yaks, marchant souvent sur de longues distances et portant elle-même de lourdes charges. Elle a peu été à l’école, celle-ci étant quasi inexistante dans son village et les revenus de la famille reposant aussi sur sa contribution. A l’âge de 13 ans, son frère aîné, qui avait déménagé à Katmandou, l’a invitée à le rejoindre dans la capitale. Avec 45 kg de provisions sur le dos, Phunjo a entrepris un voyage à pied de deux semaines, s’attendant à ce que Katmandou ne soit guère plus qu’un grand village. Elle s’imaginait devenir nonne bouddhiste, les possibilités pour les femmes étant limitées.

Un premier métier

Katmandou ouvre d’autres opportunités pour Phunjo. Son frère l’inscrit à l’école, la transition est difficile. Vu son niveau scolaire, Phunjo est placée dans une classe avec des enfants beaucoup plus jeunes ; Phunjo ne parlais pas népalais— dans son village on parle le Tibétain— et elle décrit ces années comme ardues. Elle parvient cependant à apprendre la langue et en 2013, ses compétences linguistiques se revèlent inestimables. Une femme de son village, ne sachant pas comment appeler les secours, lui demande de l’aide pour sa sœur enceinte; celle-ci est en train d’accoucher, sa vie et celle du bébé sont en danger, leur survie dépend d’une évacuation par hélicoptère. Il n’y a pas de docteur dans ce village perdu au coeur de l’Hilamaya, les femmes meurent encore parfois en couche, Phunjo elle-même a perdu sa mère dans de telles circonstances alors qu’elle n’avait que deux ans. Grâce à son népalais, Phunjo réussit à coordonner le sauvetage, la mère et l’enfant survivront. Cette expérience ouvre une porte inattendue ; par le pilote d’hélicoptère, Phunjo découvre la possibilité de devenir sauveteuse en montagne. Elle suit alors trois formations au Népal, et est sponsorisée pour terminer son training en Europe. Elle devient donc la première femme népalaise à être long line helicopter rescuer, ces sauveteurs qui interviennent dans des terrains extrêmes pendus au bout d’un fil.

Phunjo devient guide de haute montagne

Phunjo se décrit comme profondément engagée dans sa carrière de sauveteuse de l’époque, mais très mal à l’aise — elle qui est baignée dans la culture bouddhiste— avec le fait que son revenu dépende d’accidents en montagne souvent très graves. Pendant cette période, grâce à ses collègues, elle découvre l’alpinisme et excelle aussi bien dans les ascensions techniques que dans les expéditions en haute altitude. Comme beaucoup d’alpinistes népalais, elle voit là une manière de gagner sa vie et de payer la scolarité de sa fille. Elle emprunte de l’argent à un ami de la famille et suit les cours nécessaires pour devenir guide de haute montagne accréditée au Népal, une profession qu’elle exerce aujourd’hui. Elle aimerait aujourd’hui obtenir l’accréditation internationale, ce qui lui ouvrirait d’autres opportunités, mais la formation est coûteuse et elle n’a pu, à ce jour, la financer.

Le palmarès de Phunjo

Sommets de plus de 8000 mètres

  • 2024 : Everest (8848m, Népal) en 14h 31min (record de vitesse féminin)
  • 2019 : Tentative d’ascension du K2 (8611m, Pakistan), demi-tour au Bottleneck (8200m) à cause d’une grosse tempête
  • 2018 : Everest (8848m, Népal) en 39h 6min (précédent record de vitesse)
  • 2017 : Manaslu (8163m, Népal)
  • 2016 : Cho Oyu (8201m, Népal) sans oxygène

Autres sommets prestigieux

  • 3 x Ama Dablam (6812m, Népal)
  • Denali (6168m, Alaska, USA)
  • 5 x Lobuche (6119m, Népal)
  • 3 x Mera Peak (6654m, Népal)
  • 4 x Island Peak (6187m, Népal)

La genèse du projet

Comment j’ai rencontré Phunjo

Phunjo est l’une des deux ou trois guides de haute montagne femmes au Népal, et c’est comme cela que je l’ai rencontrée. Au mois de novembre dernier, j’ai rejoint une expédition toute féminine dans le Khumbu et la région de l’Everest, organisée par mon amie Sunny et guidée par Phunjo (et Jeannette McGills, une autre femme très inspirante). Phunjo et moi nous sommes tout de suite très bien entendues. Son sourire est espiègle, sa joie de vivre contagieuse et sa force rassurante dans les montagnes. On partage la même passion et la même religion. J’avais entendu parler d’elle — elle détient le record de vitesse sur l’ascension de l’Everest, fait qui ne passe pas inaperçu dans le petit monde de l’alpinisme — mais me suis vite rendue compte que je ne savais pas grand chose sur qui elle était vraiment et que j’en aurai su bien plus si elle avait été occidentale. Car son record est vraiment extraordinaire et son histoire personnelle tout autant ; si elle était européenne ou américaine, les sponsors se l’arracheraient et elle serait partout sur internet. C’est ce que j’ai pensé en me liant d’amitié avec cette femme pleine d’énergie, de talent, d’humanité et d’envie de partage. Car pour moi, Phunjo est une vraie pionnière, une inspiration pour les femmes comme pour les hommes (il suffit d’en parler à Jojo mon compagnon, ses yeux brillent d’admiration).

Nous sommes allées au camp de base de l’Everest ensemble, et elle m’a raconté son ascension de mai dernier vers le plus haut sommet du monde (l’interview sera bientôt publiée sur le blog d’explore training). Entendre les détails de cet exploit dans l’environnement même dans lequel il a eu lieu, lui donne tout une autre dimension. A l’heure des réseaux sociaux, on pourrait penser que grimper l’Everest est une question d’argent et de volonté. On ne sait pas quelle logistique, entrainement, préparation, stratégie, sacrifices, compétences techniques cela demande. Ni l’inconfort extrême d’être exposée quotidiennement au froid, au manque de sommeil et à l’altitude pendant le mois qui précède l’ascension et qu’elle a passé au camp de base pour se préparer. On n’imagine pas non plus ce que représente la traversée de la fameuse Icefall, on a peut être entendu que c’était dur mais on ne voit pas les murs de glace à grimper, les crevasses à enjamber, et la pente qui ne semble jamais finir. Atteindre le sommet en 14h31 comme Phunjo l’a fait est vraiment extraordinaire. Les rares alpinistes qui le réussissent mettent entre 4 et 5 jours. La force physique et mentale de Phunjo est rare, unique peut être.

Pourtant il y a peu de reportages écrits ou vidéos sur son exploit. Quelques annonces faites par les journaux — Le Monde lui accorde un court article et j’ai trouvé une ou deux courtes vidéos sur You Tube. A part quelques alpinistes, la plupart des gens ne savent pas qui est Phunjo. On ne sait pas qu’elle détient le record homme et femme sur l’ascension et la redescente, on ne sait pas qu’elle a battu le précédent record féminin de près de 10 heures. Phunjo est peu visible, certainement parce qu’elle n’a pas accès aux mêmes opportunités que les athlètes occidentaux et qu’elle n’a pas le réseau. Et pourtant elle le mérite, en son propre nom et au nom de tous les autres “invisibles” qu’elle représente.

Quand Phunjo m’a proposé qu’on monte un projet ensemble, j’ai tout de suite dit “Oh heck, Yes”. C’est comme ça qu’est né le K2 Global Project.

La vision derrière le projet

La montagne sauvage

Le K2 qui culmine à 8,611m est la deuxième montagne la plus haute du monde après l’Everest. Elle est communément considérée comme une des plus difficiles par les alpinistes. Campée entre le Pakistan et la Chine, sa météo est imprévisible et son ascension longue et très pentue. Aucune femme n’a encore tenté un record de vitesse du camp de base à son sommet, les garçons sont eux, s’y sont mis tardivement puisque ce n’est qu’à l’été dernier que le français Benjamin Védrines a réussi (après un échec l’année dernière) en 11h.

Confiance

Phunjo a une foi inébranlable dans sa capacité à établir un record de vitesse sur le K2. Cependant, ce projet ne concerne pas qu’elle, il s’agit d’une exploration collective et collaborative du potentiel et des rêves humains. Phunjo s’est engagée à faire en sorte que toutes les personnes impliquées dans le projet - des porteurs et cuisiniers aux agents et sponsors - soient reconnues. Il s’agit d’une entreprise de grande envergure qui nécessitera les efforts de nombreuses personnes, et Phunjo est convaincue que le véritable succès du projet réside dans le processus de collaboration. Je suis là pour aider à former l’équipe, guider la vision et soutenir cette aventure.

C’est notre projet à tous

Le projet a été d’emblée coopératif et collaboratif ; Phunjo a insisté pour que soient rendus visibles toutes les personnes participants de loin ou de près à sa réalisation : les alpinistes qui l’assisteront pendant l’ascension, les porteurs et les sherpas, les cuisiniers et les aides de camp, les sponsors et les donateurs, les logisticiens et toutes les petites mains qui auront oeuvrées dans les coulisses. C’est le “global” de K2 Global Project. Ce projet est à nous tous et je fais appel à vous, vos idées, vos contacts, vos savoirs faire, votre aide financière. Car même si ce n’est pas nous qui allons grimper cette montagne, nous porterons Phunjo le plus haut possible et ce sera notre réussite à tous.

Calendrier

Nous visons une tentative de record de vitesse en juin/juillet 2025 ou 2026, en fonction des fonds que nous pourrons récolter.

Les exigences du projet

Financement

Le coût total du projet K2 Global est estimé à environ 60 000 dollars.

  1. Frais d’expédition

    • Permis de montagne, porteurs, hébergement et matériel de camp, nourriture au camp de base pendant un mois
    • Oxygène, sherpas, aides de camp et porteurs pour trois personnes (Phunjo et deux guides népalais qui la soutiendront pendant la tentative de vitesse - un guide du camp de base au camp 2, et l’autre du camp 2 au sommet).
    • Nous attendons des devis de trois compagnies d’expédition différentes au Pakistan, les premières estimations sont entre $45 000 et $50 0000 (à titre de comparaison c’est le coût standard d’une expédition à l’Everest).
  2. Salaires des guides népalais
    Estimé à 1 500 € par guide (pour deux guides).

  3. Billets d’avion
    Estimés à 2 000 $ par personne (pour trois personnes, total de 6 000 $) du Népal au Pakistan.

  4. Visas
    Coût estimé à 100 $ par personne (300 $ au total pour trois personnes).

  5. Nourriture et hébergement
    Pour la période avant et après l’expédition elle-même

  6. Equipement
    Les dépenses les plus importantes concernent la combinaison en duvet et les chaussures d’alpinisme de très haute altitude. Phunjo a spécifiquement besoin de nouvelles chaussures d’alpinisme Scarpa (coût approximatif de 1 000 $).

Comment participer ?

Sponsoring

Actuellement, Phunjo a un sponsor, Himali, qui lui fournit des vêtements gratuits, mais pas de soutien financier. Nous recherchons activement d’autres sponsors et serions heureux de recevoir des suggestions ou des contacts. Les sponsors potentiels que nous envisageons sont La Sportiva, Salomon et d’autres. Si vous avez des idées ou des contacts, nous serions ravis de les connaître.

Le financement participatif (crowdfunding)

Le crowdfunding est une option que nous explorons, mais les dons internationaux au Népal posent des problèmes, ce qui en fait une source de financement unique peu fiable. Mais nous pensons que le crowdfunding puisse apporter un soutien partiel, et nous serions heureux de recevoir des conseils ou des suggestions sur la manière de maximiser son efficacité.

Entraînement

Phunjo s’est entrainée sans coach jusqu’à maintenant mais pas forcément par choix. Pour ce projet elle sera coachée par Dr Megan Roche et par Elise.

Vous voulez aider ?

Nous vous invitons donc à rejoindre le K2 Global Project en quelle que capacité que ce soit : communication, graphisme, attaché.e de presse, financeur, sponsor, équipementier, etc… Et à participer au le crowdfunding quand il sera en place car chaque euro compte.

Toutes les suggestions, tous les dons, toute proposition de collaboration, tous les contacts sont très appréciés. N’hésitez pas à nous contacter.

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